Messieurs les Gouverneurs de Banques Centrales,
Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux des établissements de crédit,
Madame et Messieurs les Représentants de HEC Paris,
Honorables invités,
Chers collaborateurs,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais commencer par saluer votre présence, et vous remercier d'avoir accepté, malgré ce contexte difficile, de prendre part à cet événement qui nous réunit ce matin. Une rencontre qui marque le lancement du programme de séminaires en ligne destinés aux acteurs du secteur bancaire et financier de l'Union Monétaire Ouest Africaine.
Comme vous le savez, et comme dans beaucoup de régions du monde, les plus hautes Autorités de notre espace communautaire ont pris des mesures urgentes et coordonnées pour faire face à la crise sanitaire actuelle.
En étroite articulation avec ces mesures, et en lien avec sa mission de préservation de la stabilité financière, la BCEAO a engagé un certain nombre d'actions qui visent à soutenir les efforts déployés par les Autorités de l'UEMOA pour juguler les effets de cette crise protéiforme et garantir un financement sain et profitable à nos économies. Ces initiatives de la BCEAO, qui feront l'objet d'une présentation ultérieure, concernent, notamment, les conditions de refinancement et le dispositif réglementaire applicable aux établissements de crédit.
C'est le lieu d'exprimer combien j'apprécie l'engagement de la profession bancaire dans ce combat, destiné à soutenir l'activité économique dans notre zone, dans un contexte aussi difficile que celui que nous vivons aujourd'hui.
Cependant, pour mieux accompagner les banques dans leurs efforts, et leur permettre de jouer plus efficacement leur rôle dans la phase de sortie de crise, il m'a paru nécessaire et urgent de mettre en place un programme complémentaire de renforcement des capacités et d'encadrement de ces acteurs.
C'est cette initiative que j'ai le plaisir de lancer aujourd'hui. Je me réjouis de voir se créer une plate-forme regroupant les acteurs du secteur bancaire de l'UMOA et d'autres pays d'Afrique, afin d'échanger et mener des réflexions sur les voies et moyens permettant d'atténuer les effets de la pandémie de COVID 19 sur notre système bancaire et financier.
Mesdames, Messieurs,
Il nous faut peut-être indiquer qu'au cours de ces dernières années, la Banque Centrale a entrepris, dans le cadre d'une démarche participative, plusieurs réformes structurantes en vue d'améliorer le financement des économies de l'UMOA, de promouvoir l'inclusion financière des populations et de renforcer la résilience du système bancaire de la zone.
Concernant le financement des économies, je voudrais, entre autres réformes, citer la création, en mars 2013, de l'Agence UMOA-Titres, qui a contribué à hausser considérablement le montant des ressources levées par les Etats membres sur le marché régional de la dette publique.
Concomitamment, un Fonds de Stabilité Financière a été mis en place, pour atténuer la perception du risque intrinsèque des pays, permettant ainsi de limiter la défiance des investisseurs et des marchés vis-à-vis de la dette publique.
Toujours dans le cadre du financement des économies, et conscients que le développement du crédit ne peut se faire sans une réduction de l'asymétrie d'informations entre prêteurs et emprunteurs dans le secteur bancaire, un cadre réglementaire régissant l'activité des bureaux d'information sur le crédit (BIC) a été mis en place. Ce cadre réglementaire spécifique a permis le démarrage, en 2015, des activités de CREDITINFOVOLO, une structure agréée en qualité de Bureau d'Information sur le Crédit dans l'UMOA. A terme, ce crédit bureau devrait contribuer à améliorer l'accès des agents économiques au crédit bancaire, à des coûts plus réduits, mais aussi à renforcer la qualité du portefeuille des établissements financiers.
Je me dois également de rappeler le dispositif de soutien au financement des PME, adopté par le Conseil des Ministres en septembre 2015. Il vise à apporter une réponse cohérente à la problématique de l'accès de cette catégorie d'entreprises au financement bancaire. Il s'agit là, à travers des incitations offertes par la Banque Centrale aux établissements de crédit, de veiller à une meilleure organisation dans l'accompagnement de cette catégorie d'entreprises, qui représente plus de 90 % des entreprises recensées dans l'Union.
Enfin, et dans un élan de diversification des sources de financement des économies de l'UMOA, la BCEAO a institué un cadre réglementaire spécifique à la finance islamique.
L'inclusion financière des populations n'a pas été en reste. Le cadre d'émission de la monnaie électronique a été modernisé, ce qui a contribué à une augmentation appréciable du taux d'accès aux services financiers des populations de l'Union ces dernières années. En effet, il est passé de 28,4% en 2012 à 39,2% en 2019.
Cependant, les expériences en cours dans d'autres pays montrent que la digitalisation des paiements est un accélérateur de l'inclusion financière. C'est pour cette raison qu'elle est un axe principal de la stratégie régionale d'inclusion financière en cours d'implémentation dans l'UEMOA. Dans ce contexte, la BCEAO s’attelle à mettre en place un cadre réglementaire et des infrastructures appropriés pour favoriser l'essor des services financiers numériques dans l'Union, à travers l'interopérabilité des plate-formes de paiement.
S'agissant de la résilience du système bancaire et financier de la région, les réformes entreprises ont permis l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2018, de nouveaux cadres comptables et prudentiels inspirés des normes internationales, notamment les normes IRFS et les normes Bâloises (Bâle II/Bâle III en l'occurrence).
L'adoption de ces référentiels traduit notre ambition de ne pas laisser la zone en marge des initiatives prises au plan mondial. Elle reflète également la prise en compte de la physionomie du système bancaire de l'UMOA, dominé par des groupes bancaires en provenance de juridictions qui appliquent les meilleurs standards comptables et prudentiels.
L’implémentation de ces réformes et la mise à niveau de nos standards en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ont aussi évité à notre espace le phénomène du « derisking », dont souffrent aujourd'hui beaucoup de structures de financement.
Je voudrais, à cet effet, saluer le rôle de la profession bancaire de l'UMOA dans la préparation de ces évolutions réglementaires, à travers la mise en place d'un Comité Scientifique, qui a suivi avec la Banque Centrale, tous les travaux effectués dans ce cadre.
Il est aussi important de souligner que la mise en place de ces réformes a nécessité la modernisation et le renforcement de la supervision bancaire, à travers le développement accéléré de nouvelles méthodes et outils de contrôle.
Chers participants,
Ces initiatives de la BCEAO ont permis, notamment, d'améliorer significativement le financement des économies, de renforcer la résilience du système bancaire, d'accroître l'inclusion financière des populations et de soutenir la croissance dans l'UMOA.
En effet, et pour vous donner une idée, l'encours des titres publics mobilisés sur le marché régional, rapporté au PIB est passé de 8,4 % en 2013 à 13,6% en 2019.
Par ailleurs, le ratio du crédit au secteur privé sur le PIB est de 27,1% en 2019 contre 19,9% en 2012. De même, le taux d'inclusion financière dans l'UMOA est estimé à 59,7% en 2019, en hausse de 31,1% par rapport à son niveau de 2012. De plus, la crédibilité et l'attractivité du système bancaire de l'UMOA se sont renforcées.
Ces résultats satisfaisants, salués par les partenaires internationaux, mais aussi par la profession bancaire, nous encouragent à aller plus loin en matière de réformes.
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes conscients que cette crise majeure de COVID-19 que nous vivons produit déjà des changements sur les modèles économiques de plusieurs secteurs d'activités, en particulier le secteur bancaire. Cette nouvelle donne, qui entraîne des changements, mérite d'être bien appréhendée pour être prise en charge avec la plus grande efficacité.
Tel est le sens que nous voulons donner à notre démarche et à notre initiative, qui démontre l'importance que nous accordons au renforcement continu des capacités.
Pour la mise en œuvre de ce programme, le Centre Ouest-Africain de Formation et d'Etudes Bancaires (COFEB) de la Banque Centrale, s'est associé à l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Paris (HEC Paris), avec laquelle il entretient un partenariat dynamique et fructueux depuis plusieurs années.
En effet, depuis 2013, des parcours certifiants en management des activités bancaires ont été initiés au profit des établissements de crédit de l'Union, à la grande satisfaction des bénéficiaires, selon les échos qui me parviennent de la part des dirigeants des banques. Et depuis 2013, le nombre de cadres des banques ayant bénéficié de formations d'accompagnement organisées par le COFEB se chiffre à 2150.
Aujourd'hui, nous inaugurons un nouvel axe de collaboration avec cette institution de renom, qui occupe, depuis plus d'une décennie, les premiers rangs du classement des programmes de formation continue dans le monde.
Cette nouvelle dynamique de partenariat avec HEC Paris s'inscrit aussi dans la droite ligne de ma récente décision de réformer le Centre Ouest Africain Africain de Formation et d'Etudes Bancaires.
En effet, le COFEB a été érigé récemment en Direction Générale. L'objectif est d'en faire un Centre de Formation et de Recherche de référence, qui soit en mesure de mieux accompagner le développement des compétences de l'ensemble des acteurs des secteurs monétaires et financiers.
Je voudrais donc insister sur l'importance de cette coopération pour le renforcement des capacités managériales de notre espace bancaire et financier et une amélioration subséquente de la qualité des services à la clientèle.
Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux des établissements de crédit,
C'est dans une perspective de communication et de partage dynamiques, et en tenant compte du contexte actuel, que nous proposons ces séminaires en ligne.
Au regard de l'intérêt et de la pertinence du sujet et des thématiques retenues, je vous invite à adhérer à ce programme en vous inscrivant et en faisant participer massivement vos collaborateurs aux sessions de ce séminaire en ligne.
Je remercie particulièrement les participants provenant des banques centrales partenaires, dont la présence à cette rencontre traduit l'esprit et la lettre de notre politique de coopération. Je souhaite que ce programme soit un tremplin pour consolider les partenariats et les échanges d'expérience sur des sujets d'intérêts communs, notamment à l'occasion de futurs manifestations ou séminaires organisés par nos instituts de formation.
Honorables invités, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, pour terminer, vous réitérer ma satisfaction pour votre participation à ces échanges, et souhaiter plein succès à vos travaux.
C'est sur ces mots que je déclare ouvert le programme d'accompagnement des banques et établissements financiers dans le contexte de la crise de COVID-19.
Je vous remercie pour votre bienveillante attention.