Le Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu sa réunion ordinaire le mercredi 7 décembre 2011, dans les locaux du Siège de la BCEAO à Dakar, en République du Sénégal, sous la présidence de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la Banque Centrale, son Président statutaire.
Au cours de cette session, le Comité a examiné la situation économique, financière et monétaire récente de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). En particulier, il a analysé les facteurs de risque pouvant peser sur la stabilité des prix et sur les perspectives de croissance économique dans l’Union. S’agissant de l’inflation, le Comité a relevé que la tendance à la décélération des prix, observée depuis le mois de mai 2011 s’est estompée en septembre. En effet, le taux d’inflation en glissement annuel est passé de 4,8% en mai à 3,9% à fin juin 2011, puis à 3,6% à fin juillet 2011, 3,5% à fin août 2011, avant de remonter à 3,8% à fin septembre 2011. La hausse des prix reste influencée par le renchérissement, en glissement annuel, des denrées alimentaires et des carburants.
L’analyse des indicateurs de conjoncture au sein de l’UMOA a laissé entrevoir un raffermissement de l’activité au troisième trimestre de l’année 2011, notamment dans l’industrie et dans le secteur tertiaire. En effet, l’indice de la production industrielle s’est inscrit, en glissement annuel, en hausse de 4,8% au troisième trimestre 2011, après une hausse de 0,9% le trimestre précédent. Le dynamisme de l’activité dans le secteur tertiaire, apprécié à travers l’évolution de l’indice du chiffre d’affaires dans le commerce de détail, fait apparaître une progression de 8,1% au troisième trimestre 2011 contre un repli de 0,6% enregistré un trimestre plus tôt.
Les conditions monétaires sont demeurées globalement favorables, dans le contexte d’une liquidité bancaire importante et d’une détente des taux sur le marché monétaire. Toutefois, les taux d’intérêt débiteurs des banques ainsi que les taux moyens pondérés des émissions de bons du Trésor au troisième trimestre 2011 ont connu des hausses par rapport au trimestre précédent.
Examinant les perspectives de croissance économique de l’Union, le Comité a estimé que l’activité économique de l’Union restera bien orientée, quoiqu’empreinte d’incertitudes au regard de la conjoncture internationale récente. Le taux de croissance du produit intérieur brut réel a été ainsi projeté à 6,4% en 2012 contre 1,2% en 2011 et 4,3% en 2010. Toutefois, un ralentissement de l’économie mondiale plus accentué que prévu pourrait affecter la réalisation de ces perspectives.
Les prévisions de l’inflation à moyen terme ressortent globalement en phase avec l’objectif de stabilité des prix poursuivi au niveau de l’Union. En moyenne sur le quatrième trimestre 2011, la progression des prix serait de 2,8% contre 3,6% au troisième 2011. Cette décélération de l’inflation au quatrième trimestre 2011 traduirait essentiellement la dissipation progressive des effets de la crise en Côte d’Ivoire. En moyenne annuelle dans l’UEMOA, le taux d’inflation s’établirait à 3,8% en 2011 et est attendu à 2,6% en moyenne en 2012. A l’horizon de 24 mois, le taux d’inflation est projeté à 2,2%.
Face aux risques sur la croissance et l’inflation, les membres du Comité ont exhorté les Etats à poursuivre et approfondir les efforts d’assainissement des finances publiques, en vue de contenir les déficits, tout en préservant l’investissement public dans les infrastructures. Ils ont également recommandé aux Etats de poursuivre l’exécution des réformes structurelles, singulièrement celles visant l’accroissement des recettes fiscales et l’amélioration du climat des affaires. Ils ont enfin recommandé aux Etats la mise en œuvre des mesures visant à limiter l’impact de la baisse de la production céréalière de la campagne agricole 2011/2012 sur l’inflation, notamment le renforcement de la fluidité des marchés vivriers, l’accroissement des échanges intra-régionaux, la lutte contre les comportements spéculatifs et l’utilisation des stocks nationaux de sécurité alimentaire.
Se fondant sur les analyses qui précèdent, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir les taux d’intérêt directeurs de la BCEAO à leur niveau actuel. Ainsi, le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres et le taux d’intérêt des opérations sur le guichet de prêt marginal restent respectivement fixés à 3,25% et 4,25%. En outre, le Comité a décidé de maintenir inchangé le coefficient des réserves obligatoires à son niveau de 7,0% qui est en vigueur depuis le 16 décembre 2010.
Le Comité de Politique Monétaire suivra de manière très attentive l’évolution de l’inflation, eu égard notamment à la baisse de la production céréalière de la campagne agricole 2011/2012.
Fait à Dakar, le 7 décembre 2011
Le Président du Comité de Politique Monétaire
Tiémoko Meyliet KONE