Monsieur le Président de l'Autorité des Marchés Financiers de l'UEMOA,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Administrations publiques des Etats membres de l'UEMOA,
Mesdames et Messieurs les Directeurs des institutions financières,
Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires techniques et financiers,
Mesdames et Messieurs les représentants des organismes internationaux,
Honorables invités, en vos rangs, grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Chers participants,
C'est avec plaisir que je vous retrouve ce matin pour la cérémonie d'ouverture du Forum de haut niveau consacré à la thématique : « Innovations et technologies au service de l'inclusion financière ».
Je voudrais vous remercier pour votre présence et me réjouir de votre forte mobilisation à tous, acteurs et partenaires, malgré une première journée bien chargée.
Je voudrais également souligner la forte implication de l'UNCDF dans la préparation et l'animation de ce Forum de haut niveau et saluer ainsi la qualité de notre collaboration pour la promotion de l'inclusion financière dans notre zone.
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Le développement remarquable de l'inclusion financière au cours de la dernière décennie ne peut être dissocié de l'expansion des innovations technologiques dans le monde.
Par essence, les innovations technologiques induisent des changements et révolutionnent toutes les approches et modèles d'affaires en vigueur.
Elles modifient même notre perception de l'inclusion financière, nous obligeant ainsi à une politique proactive.
C'est pourquoi, l'inclusion financière doit être comprise comme « l'ensemble des réformes conduites, aux plans réglementaires, stratégiques, des infrastructures et du marché, pour tirer davantage profit des innovations, en vue de promouvoir l'accès des populations aux services financiers dans des conditions qui garantissent un bénéfice certain pour toutes les parties prenantes, principalement pour les populations vulnérables ».
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Le développement accéléré des produits de la finance digitale, favorisé par la révolution numérique intervenue au cours des dernières années, a généré des retombées significatives dans les pays en développement tout en consolidant la dynamique d'inclusion financière. Les innovations, et en particulier l'adoption de la téléphonie mobile et des smartphones, ont facilité l’élargissement de l’accès aux services financiers aux entreprises et aux populations jusque-là difficiles à atteindre.
Les bénéfices sont également perceptibles en termes de célérité et de sécurité des transactions, de réduction des coûts des services, d'émergence de nouveaux modèles d'affaires. Selon le rapport triennal Global Findex de 2017, la proportion de détenteurs d’un compte qui ont envoyé ou reçu des paiements par voie électronique est passée de 67% en 2014 à 76% en 2017 dans le monde et de 57% à 70% dans les pays en développement.
La GSMA, l'association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile estime, pour sa part, à un milliard de dollars des États-Unis, la valeur moyenne quotidienne des transactions via la téléphonie mobile.
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
L'impact des innovations va au delà de la transformation des usages en matière de services financiers. Elles décloisonnent toutes les frontières réelles, offrant ainsi au monde des espaces d'expression virtuelles et sans limite.
Grâce à la créativité des acteurs, ce potentiel est loin d'être restreint, la téléphonie mobile n'étant pas le seul cas d'usage des innovations favorables à l'inclusion financière.
Le potentiel pour le développement de l'inclusion financière s'exprime déjà de façon concrète sur le terrain à travers plusieurs applications. J'en citerai quelques unes.
L'utilisation majeure des innovations technologiques se situe en premier lieu au niveau des paiements, avec le développement du commerce en ligne, le déploiement des nouvelles solutions d'acceptation et de paiement sans contact, facilitant ainsi « le parcours client » pour utiliser le jargon des experts de la finance digitale.
Ensuite, l'identification des populations par la biométrie se répand dans le monde. Ces solutions s'avèrent fort utiles, notamment dans les zones où l'enregistrement des populations demeure encore un défi. Le modèle indien en est une bonne illustration.
Le troisième cas d'application à évoquer concerne l'exécution des transferts de fonds des migrants. Les transferts de fonds à destination des pays en développement sont devenus, depuis quelques années, tendanciellement plus importants, plus stables et moins volatiles que d’autres flux financiers.
Selon la Banque Mondiale, les transferts d'argent via les canaux formels dans le monde ont atteint 613 milliards de dollars des États-Unis en 2017, en hausse de 7% par rapport à l'année 2016, preuve de la contribution de la technologie au renforcement de l'inclusion financière. Ils permettent aux personnes démunies et aux ménages de réduire leur vulnérabilité aux chocs en améliorant les moyens de subsistance.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais noter, en quatrième point, que l'utilisation des innovations est également utile pour la mise en œuvre de la surveillance de l'écosystème. En effet, l'introduction des algorithmes, des technologies de stockage de données ou blockchain, facilite l'analyse des informations et la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs,
Malgré cette palette diversifiée des opportunités offertes par les innovations technologiques, de nombreux défis restent à relever pour préserver la stabilité financière de l'Union. Il s'agit, notamment :
- en premier lieu, du défi de la supervision des activités et des acteurs, au regard de la multiplication des initiatives ainsi que de la dématérialisation des supports et des opérations ;
- en deuxième lieu, de la nécessaire adéquation continue du cadre réglementaire aux évolutions constantes de l'environnement pour préserver l'équilibre du système financier et assurer la protection des usagers ;
- ensuite, de la maîtrise des risques liés à la sécurité financière et technologique des systèmes de paiement, la lutte contre le cybercriminalité et la cybersécurité ;
- en quatrième lieu, de l'enjeu de l'interopérabilité des mécanismes de traitement des transactions ;
- et enfin, de la protection des consommateurs, malgré la réduction des coûts des services offerts qu’entraînent les innovations technologiques.
Pour répondre à ces défis, la Banque Centrale, dans son rôle de Régulateur et de Superviseur, a engagé plusieurs initiatives tant au niveau de la réglementation que de la modernisation des infrastructures de paiement :
A cet égard, il me plaît de citer :
l'accompagnement, depuis 2012, des Etats pour la digitalisation des paiements publics, avec la mise en place d'un cadre juridique favorable, la connexion des trésors publics aux systèmes de paiement. In fine, nous visons le développement d'un écosystème numérique ;
la définition, en 2013, d'une politique de modernisation continue des systèmes et moyens de paiement, qui vise à renforcer leur solidité ainsi que leur impact sur le développement économique et l'inclusion financière dans la zone ;
la révision, en 2015, du cadre réglementaire régissant les conditions d'exercice des activités des établissements de monnaie électronique, en vue de garantir une concurrence accrue, la sécurité des transactions et la protection des clients ;
le démarrage, en 2017, de deux importants Projets qui concernent, d'une part, l'accès des institutions de microfinance aux systèmes de paiement et, d'autre part, l'interopérabilité des services financiers numériques.
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs,
La Banque Centrale accorde une attention toute particulière aux répercussions que pourraient avoir toutes ces innovations sur l'exercice de sa mission fondamentale de garant de la stabilité financière et de protection des déposants. A ce titre, elle exerce une veille stratégique soutenue sur les modifications de notre environnement.
Nous devons en effet veiller à ce que nos politiques et nos actions exploitent pleinement le potentiel des technologies financières, en supprimant les obstacles qui y sont associés, tout en maintenant des niveaux de risque acceptables pour préserver la confiance en notre système financier.
Pour ma part, je ne doute nullement que vos réflexions, à travers les différents panels, permettront d'identifier de nouvelles pistes de progrès pour une exploitation optimale des innovations technologiques, sans préjudice pour la stabilité financière et la protection des populations de notre Union.
Je terminerai mon propos en souhaitant plein succès à vos travaux.
Sur ce, je déclare ouvert le Forum de haut niveau sur a thématique : « Innovations et technologies au service de l'inclusion financière ».
Je vous remercie de votre aimable attention.