Le Conseil des Ministres de l’UMOA s’est réuni en session ordinaire, le 21 décembre 2000, dans les locaux de l’Agence Principale de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, à Dakar, en République du Sénégal, sous la présidence de Monsieur Makhtar DIOP, Ministre de l’Economie et des Finances de la République du Sénégal, son Président en exercice.
Ont également pris part à ces travaux, le Gouverneur de la BCEAO, Monsieur Charles Konan BANNY, le Président de la Commission de l’UEMOA, Monsieur Moussa TOURE, le Président de la BOAD, Monsieur Yayi BONI et le Président du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers, Monsieur Lassana SACKO.
Au titre de la BCEAO, le Conseil des Ministres, à l’issue de l’examen de la situation économique, financière et monétaire de l’Union au 30 septembre 2000, a relevé l’orientation moins favorable des agrégats macroéconomiques des Etats de l’Union, caractérisée par une décélération de la croissance économique, contrastant avec la vigueur de l’économie mondiale. Les Ministres ont également relevé les tensions induites sur les prix des produits non alimentaires par le renchérissement des prix du pétrole et l’appréciation du dollar des Etats-Unis, ainsi que l’insuffisante convergence des performances en matière d’inflation entre les pays et la persistance de tensions sur la trésorerie publique dans certains Etats.
Dans le but d’inscrire les économies de l’Union sur un sentier de croissance forte et durable, susceptible d’éradiquer la pauvreté, les membres du Conseil ont mis l’accent sur l’urgence qui s’attache à l’approfondissement du processus d’assainissement des finances publiques, au redressement des filières agricoles et à la relance durable des investissements.
Ces impératifs renforcent l’opportunité, pour l’ensemble des Etats de l’Union, de conclure et de mener à leur terme des programmes soutenus par les Institutions de Bretton Woods, afin de mobiliser les ressources indispensables à la poursuite des réformes et bénéficier des concours de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
En vue d’accélérer les travaux d’harmonisation statistique régionale en cours dans le cadre de l’UEMOA et d’AFRISTAT, le Conseil invite tous les Etats membres à adhérer au Système Général de Diffusion des Données (SGDD), cadre approprié de développement de la production et de la diffusion des statistiques ainsi que de renforcement de la fiabilité des données économiques et financières produites par les systèmes statistiques nationaux.
Le Conseil a pris note des programmes monétaires arrêtés par le Conseil d’Administration pour les pays membres au titre de l’année 2001. Ces programmes visent notamment à contenir l’inflation à moins de 2% et à appuyer la réalisation d’un taux de croissance économique de 4,0%. Les Ministres ont, en outre, été informés des schémas de financement de la campagne de commercialisation agricole 2000/2001, des modalités de financement des stocks-report des produits agricoles locaux, des rapports des Présidents des Comités Nationaux du Crédit pour le troisième trimestre 2000, de l’évolution des transactions effectuées par la BCEAO dans le cadre de l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO), ainsi que des relations des Etats membres avec les Institutions de Bretton Woods au cours de la période de juin à septembre 2000.
Les Ministres ont également pris connaissance du budget de la BCEAO pour l’exercice 2001, adopté par le Conseil d’Administration de l’Institut d’émission.
Au titre de la Commission Bancaire de l’UMOA, les Ministres ont pris connaissance des travaux de la 42ème réunion de la Commission Bancaire de l’UMOA, qui s’est tenue le 18 décembre 2000. Cette réunion a notamment abouti à l’adoption de mesures individuelles ou générales pour améliorer la gestion des banques et renforcer la solidité du système bancaire, indispensable pour conforter la stabilité du cadre macroéconomique de l’Union. La Commission Bancaire a en outre agréé une nouvelle banque au Bénin.
Au titre du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers, les Ministres ont été informés des activités de cet organe durant le troisième trimestre de l’année 2000 et ont approuvé son budget pour l’exercice 2001.
Au titre de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), le Conseil des Ministres a adopté les Perspectives Financières Actualisées pour le quinquennat 2000-2004. Il a également autorisé l’ouverture d’un bureau de représentation de la BOAD au Bénin à partir de l’exercice 2001. Ce bureau, à l’instar de ceux du Burkina, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ouverts en 1994, et de ceux du Mali et du Niger en 1999, permettra d’assurer une meilleure proximité avec les Administrations et les opérateurs économiques privés et de renforcer la participation de la Banque au dialogue que mènent les Etats avec la Communauté Internationale.
Le Conseil des Ministres a en outre approuvé la gestion par la BOAD des ressources du Fonds de renforcement des capacités des Organisations Paysannes de l’Afrique de l’Ouest. A cet effet, il a autorisé le Président de la BOAD à poursuivre et à finaliser les négociations avec le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) et à signer avec ledit Réseau, la convention de mandat de gestion des ressources de ce Fonds.
S’agissant de la note sur la concessionnalité des prêts de la BOAD aux Etats membres, le Conseil des Ministres a mis l’accent sur la nécessité de lever la contrainte de l’insuffisance desdites ressources mises à la disposition de cette institution, pour lui permettre de respecter, au cours des prochaines années, le niveau de concessionnalité requis pour ses financements en faveur de la lutte contre la pauvreté et de l’intégration économique.
A cet égard, le Conseil a instruit de verser cette note au dossier des travaux du Comité de pilotage chargé de l’étude relative au renforcement institutionnel et financier de la BOAD et a demandé d’accélérer l’instruction dudit dossier ainsi que la mise en oeuvre des conclusions qui en résulteraient.
En ce qui concerne la situation de la mobilisation de ressources extérieures complémentaires en vue du financement de la contribution de la BOAD à l’Initiative de réduction de la dette des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), le Conseil des Ministres s’est félicité des efforts déployés par la Banque auprès des partenaires extérieurs. Il invite les Etats membres de l’UEMOA à accélérer l’élaboration et/ou la mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté et des réformes économiques, en vue de faciliter leur accès aux ressources de la Communauté Internationale pour l’allègement de leur dette vis-à-vis de la BOAD.
Le Conseil a également autorisé le Président de la BOAD à examiner, en rapport avec la Commission Européenne, les opportunités qu’offre le nouvel Accord ACP/UE de Cotonou. L’objectif est d’obtenir des concours financiers de l’Union Européenne en faveur des Etats membres de l’UEMOA, en vue de l’allègement de leur dette vis-à-vis de la BOAD.
Au titre de la Commission de l’UEMOA, le Conseil des Ministres a examiné le 2ème Rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques au titre de l’année 2000.
Le Rapport procède à l’analyse des programmes pluriannuels élaborés par les Etats dans le cadre du Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité entre les Etats membres. Il apprécie également les efforts de convergence des économies nationales, à travers l’analyse de l’évolution des critères de convergence en 2000 et de celle des sentiers de convergence pour la période 2001-2003.
Ainsi, il ressort du rapport que les Etats de l’Union ne tireront pas pleinement profit de la conjoncture internationale globalement favorable, en raison des résultats peu satisfaisants de la production agricole, affectée par une pluviométrie défavorable, de l’effondrement des cours des matières premières, de la persistance des crises socio-politiques ainsi que de la faiblesse des investissements due aux difficultés de mobilisation des ressources intérieures et extérieures résultant, pour certains des Etats, de l’absence de programme financier avec les Institutions de Bretton Woods.
Le Rapport, après avoir prévu une légère amélioration de la croissance en 2001, présente, pour chaque Etat membre, l’évolution économique récente, l’état de convergence, avant de proposer au Conseil des Ministres, l’adoption de conclusions et recommandations à l’endroit de l’Etat concerné.
Après de larges échanges de vues, le Conseil des Ministres a d’abord donné des orientations en vue de l’amélioration continue du Rapport et souhaité, dans ce sens, qu’une plus grande attention soit accordée à l’évolution de certains critères sociaux, en rapport avec la lutte contre la pauvreté.
Il a ensuite salué les efforts des Etats membres ayant conclu un programme avec le FMI et vivement encouragé les autres à en conclure dans les meilleurs délais possibles, en vue d’accroître les investissements extérieurs dans l’Union.
Le Conseil a enfin approuvé les conclusions et recommandations de la Commission, relatives aux programmes pluriannuels élaborés par les Etats membres et insisté sur la nécessité, pour chaque Etat, de soumettre, à temps, son programme pluriannuel et de veiller scrupuleusement à son application, après acceptation par le Conseil des Ministres de l’Union.
Par ailleurs, informé de l’état d’avancement du dossier relatif à l’absorption de la Communauté Economique du Bétail et de la Viande (CEBV) par l’UEMOA, le Conseil des Ministres a invité la Commission à en diligenter la finalisation, conformément aux dispositions du Traité de l’Union et à la décision de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, confirmée au cours du dernier Sommet de Bamako.
Les Ministres, très sensibles à l’accueil chaleureux et fraternel qui leur a été réservé durant leur séjour au Sénégal, expriment à son Excellence, Monsieur Abdoulaye WADE, au Gouvernement ainsi qu’au peuple Sénégalais, leur profonde gratitude.
Fait à Dakar, le 21 décembre 2000
Le Président du Conseil des Ministres,
Makhtar DIOP